À la faveur d’une résidence de création menée en 2012-2013 en Ille-et-Vilaine, accompagnée par le photographe catalan Israel Ariño, Delphine Dauphy a développé son intérêt pour la technique ancienne du collodion humide. Ce procédé, élaboré en 1851, réalisé sur plaque de verre ou plaque métallique, permet d’obtenir des images d’une grande finesse avec une gamme de gris très étendue.C’est donc tout naturellement qu’elle a choisi de renouer avec cette technique en 2018, à l’occasion d’une nouvelle résidence mission du Département d’Ille-et-Vilaine sur le site de Lormandière, à Chartres-de-Bretagne. En effet, la mise en service de l’usine à chaux de ce site industriel coïncide avec les débuts du procédé photographique au milieu du XIXe siècle.Pendant un an, au fil des saisons, l’artiste a parcouru cet endroit en pleine mutation : à la rencontre du patrimoine industriel avec des photographies d’architecture autant que de l’espace naturel avec des images du paysage et de sa flore exceptionnellement remarquable.Le temps long employé à arpenter et découvrir le lieu et ses secrets entre en écho avec le temps long de la genèse, attaché au procédé primitif de la photographie retenu par l’artiste.
Renonçant à toutes certitudes, la photographe a dû faire face aux multiples aléas propres à ce dispositif artisanal, dont les résultats sont tributaires d’une chimie parfois capricieuse. Faisant preuve d’une grande humilité, Delphine Dauphy parvient avec une sensibilité évidente à redonner vie à ce lieu tel qu’il pouvait être à son apogée.Tout autant qu’une contribution à un inventaire photographique des lieux et des activités humaines, les images produites à cette occasion constituent un ensemble dans lequel se superposent des réalités tangibles et des imaginaires nés du regard de l’artiste.