En 2010, partant d’une réflexion de Roland Barthes - frappé dans un article intitulé La grande misère des Barthes par l’homonymie de son nom et de celui d’un zone de landes inondables située dans le sud de la France -, Alain Bizeau développe un projet sur le site du Pic Saint Loup, près de Montpellier sa ville natale. Photographies, sculptures et dessins sont réalisés autour de sept points spécifiques de ce territoire, réunis sous le titre de La grande misère des Barthes.

L’un des motifs végétaux prélevé alors est le point de départ d’un ensemble polymorphe, Idiorythmie, décliné en trois médiums et configurations : aquarelle, photographie couleur et relief en PVC. Extraite du paysage et démultipliée, la forme est traitée dans sa version dessinée comme l’esquisse d’une proposition ornementale.

Le cliché couleur témoigne ensuite de son inscription dans l’habitat, suggérant par sa répétition une « colonisation de l’espace » par le végétal alors que le relief usiné reste plus énigmatique quant à sa fonction. Je poursuis ainsi ma réflexion sur nos modes d’habitation, comment on façonne notre environnement pour en faire une sorte de seconde nature pour tenter de le rendre habitable, comment l’ornementation témoigne de notre ambivalence par rapport au construit (protection ou enfermement), comment le rythme dans l’organisation du travail produit de l’identique et de l’artifice.

Ces propos de l’artiste font directement écho au sens du mot idiorythmie, désignant dans les organisations humaines la capacité à vivre selon un rythme biologique. En outre, ce titre renvoie à nouveau à la sphère de recherche de Roland Barthes qui, lors de l’un de ses séminaires « Comment vivre ensemble », s’était appuyé sur cette même notion.